released February 26, 2015

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⭐️⭐️⭐️⭐️ Jazzmagazine

"En intitulant leur projet "Le retour d'Ulysse (promenade)", la saxophoniste Alexandra Grimal et le contrebassiste Beniamin Duboc offrent quelques pistes précieuses pour appréhender tout à la fois le registre et l'espace dans lesquels va se projeter tout du long leur odyssée miniature. Car c'est bien aux dimensions d'une épopée intime que les deux musiciens ont entrepris d'élever ici leur dialogue, parcourant, en 12 étapes (12 stations), une sorte de "retour au pays natal" d'une grande puissance d'évocation poétique dans ses partis pris esthétiques minimalistes et rigoristes. Engageant le chant de son saxophone dans les paysages sonores elliptiques dessinés à la pointe sèche par la contrebasse de Duboc (pulsative, allusive, précise puis soudain bourdonnante à l'archet, théâtrale et intensément dramatique), Alexandra Grimal déploie sans ostentation, avec cet esprit d'aventure qui lui est propre toute la gamme de sa poétique. Passant du ténor au soprano selon les plages et les humeurs, de séquences contemplatives en longues notes tenues agencées de manière géométriques, à d'intenses plongées en apnée au cœur de la matière sonore, elle engage son compagnon dans une musique fragile, mouvante, déambulatoire mais jamais erratique déroulant son fil narratif émotionnel et compositionnel avec l'évidence et la précision du geste spontané."
Stéphane Ollivier


"Lorsqu'on est face à une musicienne comme Alexandra Grimal, qui porte un intérêt prédominant à la géographie intime et au climat de sa musique, qu'elle soit celle d'un ensemble aux intéractions multiples comme ses dragons, où au bonheur d'un pas de deux improvisé, on ne peut que prêter attention à ce qui entoure chacun de ses disques. Après le vent chaud et subtil exploré en compagnie du pianiste Giovanni Di Domenico, voici que la saxophoniste rencontre le contrebassiste Benjamin Duboc dans un Retour d'Ulysse qui fleure le voyage.
Ou plus exactement la quête. Elle n'a rien d'initiatique.
On pense forcément à d'autres attelages contrebasse/saxophone que la musique improvisée nous a offert, Léandre et Lacy par exemple...
On en est ici assez éloigné. La parcimonie est le mot d'ordre, à la frange du silence, mais avec ce sentiment que tout pourrait s'enflammer au moindre cahot. "Le retour d'Ulysse" en est un magnifique exemple, où le souffle rêveur et plein de scorie du ténor vient lustrer un embrasement soudain de la contrebasse qui se transforme en une errance aux tréfonds de l'instrument. L'enregistrement de très grande qualité permet d'entendre chaque interstice dans cette masse au calme apparent : cliquetis des clés et choc des doigts sur les cordes. Il semble même parfois il y avoir tant de retenue qu'on croirait y deviner le frottement de chaque grain de peau.
Ceci confère une grande sensualité à cette attention permanente. Le feu couve, mais il réchauffe plus qu'il ne menace ("Isha").
Les deux musiciens ont prouvé depuis longtemps leur capacité à maîtriser un monde à défricher et à rendre paisible les contrées les plus hostiles ; le plus étonnant est qu'il aura fallu tant de temps avant de les trouver ensemble, tant leur musique s'accorde et s'assemble à merveille ; puissance tranquille de deux instrumentistes à la précision redoutable.
Il faut rendre grâce une fois de plus à l'ami Julien Palomo et son label Improvising Beings qui nous permet de découvrir ce double album enregistré en trois jours à l'été 2013 dans un visible esprit de concorde. Jamais les deux improvisateurs ne s'affrontent, même dans ce premier morceau "rencontre" ou pourrait se mesurer les forces en présence. Plutôt ils se combinent, les timbres se mèlent, s'agglutinent dans une recherche d'épure entre le lent glissement de l'archet et le souffle plein et légèrement traînant d'Alexandra qui transporte autant qu'il porte au rêve.
L'épure s'étend jusqu'à la pochette, bateau blanc esseulé dans un océan de blanc marial, qui fait hésiter entre la brume des limbes de "L'Homme qui court" qui recouvre le pizzicati insistant de Duboc et l'infiniment petit du morceau "Entrelacés" sur le second album où le ténor d'Alexandra Grimal décrit en quelques notes profondes un monde luxuriant.
Du moindre geste, le duo fait musique. Il se répète de manière lancinante sur la contrebasse, base ténue mais on ne peut plus solide d'un papillonnement à deux. Sans surprise, c'est Alexandra Grimal qui porte les ailes ; elle pique comme l'abeille sur "Empreintes" pendant que les pizzicatis fouinent dans les profondeurs. Elle plane comme une émanation diaphane dans "Gaïa" lorsque le duo semble s'extraire d'une sorte de silence primaire, à peine ridé par le son d'infrabasse qui percole de la contrebasse de Duboc.
Au gré des morceaux, on comprend que la promenade d'Ulysse tient plus de Du Bellay que d'Homère. S'y confronte une expression absolument chambriste dans les notes immobiles du soprano ("Rencontre") et de soudaines explosion de jazz, dans le tempo désarticulé de la contrebasse, lorsque la contrebasse se met à poursuivre le saxophone de ses assiduités ("Chemins").
Voici sans doute ce vers quoi il faut chercher, dont on trouve quelques clés dans cette introduction du thème Coltranien "After The Rain" au coeur du morceau "La Danse des Puces". La recherche des liens entre les différentes expressions musicales, "entre le marbre dur et l'ardoise fine"... Une démarche très proche de ce que Duboc proposait en solo lorsqu'il se colletait au thème de St James Infirmary, déjà chez Improvising Beings, où ce qui tangente toute la carrière de la saxophoniste, dont chacune des apparitions est un bonheur renouvelé
Un très bel album, qui se savoure dans le temps, et dont les deux faces font penser à ces albums vyniles qu'on devait retourner et qui offrait, d'une pile à l'autre un univers changeant.
Une grande réussite."

Franpi, Sunship


'Bassist Benjamin Duboc is one of the established names of French free improv music, and saxophonist Alexandra Grimal is one of the rising stars, combining a broad stylistic versatility with a recognizable warm and lyrical approach. (...) beautiful authenticity of these intimate dialogues.

The music is inspired by Ulysses’ travels in ancient Greece, who left Ithaca for the Trojan war and then traveled onward around the Mediterranean before rejoining his beloved Penelope after many many years. Like travel journeys, both musicians move forward encountering the music as it develops, in a very sequential way full of unforeseen happenings.

And they manage well, extremely well even. (...)

The nature of the music shifts the whole time, with each piece having its own character and approach, full of creativity and musical inventiveness. They don't just play tunes, they tell stories, full of atmosphere, sonic narratives and changes as the result of interaction.

The music is great and so is the quality of the recording: it's like you're sitting next to them.

Highly recommended!'

Stef, FreeJazzBlog

"L’histoire se poursuit sur le disque et ne doit rien au hasard. La poétique ne s’invente pas et seul un long cheminement y mène. Il s’écoute comme on peut parfois lire un livre à plat ventre ou vivre un film qui nous captive. Il nous cherche et nous prend par la main pour une promenade, nous invite à y retourner. Un enregistrement en tous points remarquable qui ne se laisse jamais totalement apprivoiser principe même de la liberté."

Pierre Gros, Culture Jazz


"Ce chant à deux voix n'est pas de ceux qui s'inscrivent aisément dans les mémoires. C'est plutôt une errance poétique qui fouaille notre sensibilité.
Aux saxophones, on retrouve ces notes qui glissent de la douceur à l'acidité; des notes incertaines, comme à côté, qui dérivent un peu à l'occasion; des sonorités instables, fragiles, parfois étranglées; tout un jeu de délicates nuances dans l'intensité et l'occupation de l'espace. Cela peu surprendre, mais l'attention est accrochée, la séduction s'insinue.

Benjamin Duboc, quant à lui, n'hésite pas, dans certaines plages, à jouer aux limites des sons : des sons bien ténus qui concentrent toute notre écoute, ou des plongées très graves à l'archet, comme des vibrations sous-marines. Une richesse de la palette assez loin des codes de la contrebasse, une économie sonore au service d'une sensibilité qui fait dériver notre imaginaire.

Cette musique exige du temps d'écoute à ne rien faire d'autre qu'à se laisser porter par la vague, et du temps de silence après l'écoute, pour laisser l'imprégnation se poursuivre, pour que la houle du voyage finisse en doux ressac."

Guy Sitruk, Jazz à Paris

jazzaparis.canalblog.com/archives/2015/03/11/31680428.html?fbclid=IwAR2HymSGhJXfEdMDgJnolpjGdlqfT8YnKyiDm4iA7zTwDVsWbR7mqdo44ro


"Sans le souci de convaincre, d’être brillants ou experts ; sans le souci d’être vendables ou vendeurs, voici Alexandra Grimal et Benjamin Duboc. Et voici ce qu’ils sont en cet instant précis : en proximité, et on s’en voudrait presque de les déranger. Ils ne seront jamais la foudre et le brasier. Quoique… Ils sont fragilité. Ils sont force. Ils sont silence et concentration.

Ils n’ont cure du temps, des heures d’été, des heures d’hiver. Ils errent, trouvent le crescendo et s’en font un allié pointu, déclinent quelques fluides beautés et se parent d’épaisseur. Ils modulent les lignes, font de l’épure une amie fidèle, s’engouffrent en lente frayeur. Ecrire que l’archet de l’un est large et que le soprano de l’autre vise l’inattendu serait juste mais ne ferait pas avancer les choses. Les choses avanceront quand ils seront de nouveau réunis. Réunis et autres. Alors, avec naturel, ils regagneront le chemin du sensible."

Luc Bouquet, Le son du grisli


"Le duo Benjamin Duboc/Alexandra Grimal, qui se déploie sur deux CD, développe une musique improvisée à la fois brute et subtile, voire parfois sophistiquée.(...) OUI, on aime !"

Jean Buzelin, OUI Culture Jazz

"Den moderne, improviserende scenen i Frankrike er en ytterst interessant del av den europeiske jazzen og improvisasjonsmusikken.

På «le retour d’Ulysse» møter vi bassisten Benjamin Dubuc og saksofonisten Alexandra Grimal i 12 improviserte strekk over to CDer.

Benjamin Dubuc er født i 1969, og studerte under Jean-François Jenny Clark og Bernard Cazauran, og har vært aktiv musiker i en rekke frittgående prosjekter siden studiedagene.

Han har bl.a. spilt med musikere som Oliver Lake, Joelle Leandré, Henry Grimes, Hasse Paulsen, Sunny Murray og han har spilt på de fleste viktige og interessante, franske jazzfestivalene.

Alexandra Grimal er født i 1980, og vokste opp i Efypt og Frankrike. Hun startet med pianostudier da hun var fem år, men startet å studere saksofon under John Ruocco i den Haag i 2000. Hun har også vært innom Sibelius-akademiet i Helsinki. Inntil nå har hun utgitt fem plater i eget navn, og deltatt på en rekke innspillinger, bl.a. med Oliver Lake, Ab Baars og Michael Moore, Orchestre national de jazz og en rekke andre europeiske musikere.

På «le retour d’Ulysse» møter vi to musikere som improviserer fritt og som kommuniserer nesten på et høyere plan.

Musikken de presenterer kan innimellom være vanskelig å tilegne seg, men hvis man gir duoen tid, så kommer interessante ting smygende etter hvert. Begge musikerne er utmerkede utøvere på sine instrumenter. Dubuc kan ofte minne om Barry Guy i musikalsk tilnærmingsmåte, mens Grimal har en mer «nøytral» tone, spesielt i tenorsaksofonen, selv om det er lett å høre flere inspirasjonskilder fra 60-tallets frijazztilblivelse i USA. Når hun plukker opp sopransaksofonen synes jeg hun har et mer personlig uttrykk.

Dette er blitt to ytterst interessante innspillinger, som jeg har brukt lang tid på å lytte til, for å komme inn i musikken. Men da det åpnet seg, så åpnet den seg for alvor!

Å høre denne duoen i en konsertsituasjon, tror jeg kan være en flott opplevelse, så er det bare å håpe på at noen her oppe i kulden, tar sjansen på å engasjere to relativt ukjente franske musikere til dyst. Det hadde vært flott!"

Jan Granlie, Salt Peanuts